La compulsion alimentaire se définit comme " la consommation en un temps court d’une quantité assez importante d’aliments choisis, avec une connotation de plaisir, même s’il y a ensuite le sentiment d’avoir perdu le contrôle. Elle n’est en règle pas suivie de vomissements "
Voilà en une phrase ce qui m'a pourri la vie des années durant ...
De tout temps, j'ai trouvé dans la nourriture une sorte de refuge, une compensation au manque d'amour que je pouvais ressentir chez mes parents ... Mais ma vie d'étudiante, loin d'ici, m'avait éloignée petit à petit de mes vieux démons. J'avais remplacé au départ la nourriture par l'alcool, buvant beaucoup plus que de raison sous le prétexte de fêtes, de soirées étudiantes. Et puis les choses se sont arrangées lorsque j'ai connu le père de ma fille, lentement.
Me retrouver ici il y a 7 ans, sans travail, à vivre dans la maison où vivait encore ma grand-mère quelques semaines plus tôt, dans ses meubles, avec une petite fille de 6 mois et un conjoint toujours absent, à proximité de mes parents que je m'étais promis de ne plus cotoyer autrement que pour certains week end et autres réunions familiales a précipité ma chute ...
Eprouver des angoisses telles qu'on ne parvient pas à les exprimer, prendre tout trop à coeur, se sentir si mal dans sa vie, dans sa tête, dans son corps, culpabiliser à outrance de ne pas être heureuse alors que tout le monde autour de vous ne cesse de vous répéter que vous avez tout pour l'être, ne pas savoir à qui parler, se trouver définitivement et irrémédiablement stupide ... Ne pas apercevoir le bout du tunnel, ne pas savoir dans quel sens aller, avoir l'impression d'être inutile, d'être la pire des mères ... Et craquer pour tenir le coup, avoir le besoin impérieux de se remplir pour combler un manque, celui de la vie qu'on menait avant, celui de cette existence où justement on avait la sensation d'exister.
Prendre en vrac tout ce qui tombe sous la main, dans le frigo, les placards, à n'importe quelle heure du jour et de la nuit ... Et manger, manger vite, sans réfléchir, des poignées de gateaux, des brassées de chocolats, des morceaux de fromage, du jambon, des yaourts ( et jamais des 0 % ...), avoir la sensation d'être, d'être remplie alors qu'on mène une vie si creuse ... Atteindre un instant durant une certaine plénitude ... Et soudain retomber, rapidement, plus bas encore qu'avant la crise ... Et culpabiliser encore et toujours ...
Laisser passer quelques heures, rarement plus d'une journée et à la contrariété suivante, à l'angoisse d'après, retourner dans la cuisine et goinfrer ...
Voir son corps changer, souffrir du regard des autres et paradoxalement toujours cette sensation d'être invisible aux yeux de ceux avec qui on vit, refuser de se regarder dans un miroir, ne plus sortir, se couper du monde ...
Voilà ce qu'a été ma vie durant plus de deux ans ... Après ce dont j'ai déjà parlé par le passé, à savoir un suivi psy, une hospitalisation et la reprise d'une activité professionnelle, j'ai fini par m'éloigner de mes mauvaises habitudes en apprenant à les gérer aussi bien que cela m'est possible ...
Je sais que j'ai déjà évoqué en partie tout cela il y a quelques mois mais j'avais besoin d'en reparler ce soir ... Pourquoi ?
Tout simplement parce que j'ai réalisé en étant devant mon frigo tout à l'heure que j'étais en train de chercher frénétiquement n'importe quoi à manger alors que j'avais déjà avalé un paquet de gateaux et une demie plaque de chocolat en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire et ce juste dans le but de me calmer suite à une dispute avec mon père ...
Libellés : Quand je joue à l'équilibriste nutritionnel ...